Scara : produire du colza pour un marché de niche
La Scara, à Arcis-sur-Aube, met en avant son savoir-faire en matière de différenciation pour produire de l'huile de colza adaptée à la friture.
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Depuis plus de dix ans, la Scara propose à ses adhérents des contrats de production de colza Holl, riche en acide oléique et pauvre en acide linolénique. Si, jusqu'alors, les surfaces tournaient autour de 400 à 600 ha chaque année, elles ont fait un bond sur la campagne 2015-2016 avec 1 500 ha implantés. En France, on est passé de 2 000 à 3 000 ha en 2010 à 20 000 ha environ en 2016.
Tout a commencé en 2004. La Scara, alors connue pour son savoir-faire en matière de productions spécifiques, est sollicitée par Cargill, un de ses clients habituels. Ce dernier recherche de l'huile de colza utilisable en friture, c'est-à-dire résistante à des températures élevées, pour des industriels de l'agroalimentaire et des chaînes de restauration rapide, ou encore pour la restauration collective en recherche d'un meilleur profil en acides gras. De son côté, Dekalb proposait une variété de colza Holl, dont l'huile est stable à la cuisson avec moins d'acides gras saturés. Une filière était née. « Cela correspondait totalement à notre stratégie de différenciation avec des produits particuliers sur des surfaces restreintes, avec un suivi en culture et un allotement », précise Jean Bourtembourg, responsable pôle céréales.
Pureté variétale
Le colza Holl est d'abord produit selon le cahier des charges Agri Confiance. « Même si ce n'est pas une exigence du client, cela nous permet un suivi identique de toutes nos productions spécifiques avec un accompagnement des producteurs en culture, un audit tous les quatre ans, une sensibilisation à la traçabilité... » En cours de culture, la coopérative intervient fin septembre, début octobre pour repérer d'éventuelles repousses de colza classique. « La tolérance est d'une repousse/m2 », explique Guillaume Vigneau, responsable développement adhérents. « Entre une et deux repousses, elle est isolée à la récolte pour analyse au silo avant de décider de son devenir. Au-delà de deux, la parcelle est déclassée. »
Pour faciliter le stockage au silo où des cellules lui sont dédiées, les surfaces de production sont regroupées autour d'un silo d'expédition et de trois silos de collecte, sauf sur la campagne 2015-2016 où il a fallu étendre la zone de production pour répondre à la forte augmentation des surfaces. « Au silo, cela demande également une attention particulière au niveau de tout le circuit pour éviter des contaminations croisées », précise Jean Bourtemboug.
Produire selon la prime
« Mais la condition de notre engagement est que le savoir-faire de nos adhérents et de la coopérative soit valorisé par un prix adéquat. » Et ce n'est pas toujours gagné d'avance. Au départ, la prime négociée par Scara permettait de garantir un revenu à l'agriculteur majoré d'une prime expérimentale pour valoriser cette technicité et la différence de rendement entre les variétés de colza Holl et les variétés classiques. Au fil des ans, cette différence s'est réduite, la prime était de 20 €/t pour les récoltes 2015 et 2016. Certaines années, la valorisation n'étant pas suffisante, la Scara a stoppé la production. « Et ça sera aussi le cas pour la campagne 2016-2017. Alors que Dekalb a multiplié sa production de semences avec la forte volonté de développer les surfaces, Cargill n'a pas obtenu une prime suffisamment valorisante. » Le colza oléique subit en effet la concurrence du tournesol oléique en provenance d'Ukraine dont le prix a fortement chuté. « Nous reprendrons la production quand la prime sera à nouveau cohérente », conclut la Scara.
Chantal Urvoy
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